Bonjour,
Je suis romancier et scénariste. Ces jours-ci, je me consacre plus particulièrement à l’écriture de romans policiers (le plus récent paraîtra en avril). Sur celui que je prépare en ce moment, je prévois d’avoir l’un des personnages principaux, pour ne pas dire héros, qui sera gay.
Pourquoi ? D’abord, pourquoi pas ? Et ensuite, sans pour autant me sentir investi d’une mission ou que cela ne soit l’objet de mon travail, je pense que c’est intéressant, surtout dans des oeuvres de divertissement, très codées, comme le roman policier, d’essayer de bousculer un peu les habitudes, et de reproduire notre société dans sa réalité.
Jusque là, pas de problème. J’ai dans mon entourage assez d’amis homos pour avoir les moyens de tomber juste dans la fabrication du personnage – ou pour pouvoir les consulter si j’ai un doute.
Là où ça se corse, c’est que, roman policier oblige, ça m’arrangerait si le personnage avait fait un peu de prison (disons six mois/un an en maison d’arrêt en attendant son procès, la condamnation n’excédant ensuite pas la peine déjà déjà effectuée). Ce n’est pas le sujet du livre. Ce serait juste un élément de son CV. Un moyen de « qualifier » le personnage. De lui conférer un peu de mystère.
Je suis donc allé sur Internet pour y chercher des témoignages et là, comme vous pouvez imaginer : l’horreur !
Je n’ai trouvé que des récits d’atrocités et de persécution. Or, pour le coup, voilà une matière que je ne me sens ni l’envie ni le droit de manipuler. Entre autres et d’abord parce que je ne me sens pas légitime.
Et aussi parce que les histoires que je lis en ligne sont trop graves pour juste fournir de la « couleur » à une comédie policière. Ce serait scabreux et insultant pour tous les malheureux qui vivent ces enfers.
Mais avant de renoncer complètement à attribuer des antécédents judiciaires et pénitentiaires à mon personnage,je me suis dit que j’allais solliciter des témoignages sur ce forum. S’il se trouve d’anciens détenus ou des surveillants, gays ou non, qui peuvent signaler des fois où ça se passe, sinon « bien », du moins pas trop mal, ce sera une bonne nouvelle à plus d’un titre.
Donc :
Y a-t-il moyen pour un détenu gay en maison d’arrêt d’échapper aux brimades ?
Existe-t-il des moyens de se protéger ?
Y a-t-il des établissements plus « gay friendly » (disons moins homophobes) que d’autres ?
Un surveillant gay lui même peut-il faire la différence et « protéger » discrètement un détenu contre les discriminations ?
Autrement dit, y a-t-il moyen pour moi d’avoir un peu de prison dans le passé de mon personnage sans pour autant devoir prendre en compte des mois de persécutions et de tortures et l’immanquable traumatisme qui va avec (je voudrais, au contraire, que le personnage soit plutôt bien dans sa peau et épanoui) ?
Si vous pouvez trouver le temps de me faire bénéficier de votre expérience, je vous serai très reconnaissant. Cela m’aidera à ne pas être trop à côté de la plaque, sur des sujets qui méritent d’être traités avec exactitude et justesse.
D’avance, merci.
Bien à vous tous.